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Fin de course laborieuse

Apres les calmes de la dorsale et de l’anticyclone, le vent, soufflant de la ou nous voulons aller,  est progressivement monte (25-35 noeuds), la mer s’est formée, courte et hachée. À nouveau au près serré pour les dernières longues heures de cette course, les conditions de vie a bord sont de nouveau difficiles. À proximité de la cote australienne que nous n’avons pas encore vu, nous tirons des bords pour rejoindre Albany.

Les muscles de l’équipage sont fatigues et ont besoin d’une bonne douche et de repos. Le bateau a également subi les quelques 21 jours de navigation dans les mers du sud et a besoin d’un grand nettoyage et d’une vérification détaillée de toutes ses pièces maitresses.

Pendant 3 semaines, nous n’avons croise aucune autre vie que celle de l’équipage et des oiseaux marins qui jouaient avec le vent, les vagues et le devant du bateau. La solidarité a bord a été essentielle pour supporter les moments parfois difficiles imposes par des conditions météorologiques relativement extrêmes.

En tête de cette course quasiment depuis le début, avec actuellement une avance confortable sur nos deux poursuivants, nous ménageons notre « monture » et devrions pouvoir célébrer une deuxième victoire d’ici quelques heures. Grace a eux, la course fut passionnante et animée du début a la fin.

Une étape, trois océans

Nous sommes passes a la verticale du cap Leeuwin, vendredi 20 novembre vers 1000 TU. Le cap Leewin marque la fin de l’ocean Indien et le début de l’océan Pacifique ou dans l’autre sens la fin de l’océan Pacifique et le début de l’océan Indien.

Parti du Cap dans l’océan Atlantique, nous nous sommes retrouves dans l’océan Indien au passage de la verticale du cap Bonne Espérance que nous avons traverse d’ouest en est dans sa partie sud pour terminer cette troisième course a Albany baignée par l’océan Pacifique.

Nous avons quitte le Cap par tout petit temps, nous approchons Albany dans un vent très léger. La dorsale anticyclonique a notre arrière, dont je vous parlais dans mon précèdent billet, n’a finalement eu aucune influence sur notre navigation. Par contre, c’est le puissant anticyclone situe a l’ouest de Perth et se déplaçant vers le SE pour se stabiliser au SW du cap Leeuwin qui influence les derniers jours de cette course. Il s’est prolongé par une dorsale s’étendant jusqu’au sud de l’Australie avant que celle-ci ne s’amenuise en laissant un anticyclone secondaire a notre droite. La première question était de savoir quand tourner a gauche pour ne pas se retrouver scotcher au centre du premier anticyclone et pouvoir traverser la dorsale au meilleur moment pour ne pas inutilement rallonger notre parcours et ne pas passer un temps trop long sans vent.

Avec bien entendu, nos poursuivants toujours a la recherche du bon plan pour nous doubler avant la ligne d’arrivee. Ils sont actuellement en mode cache comme nous le fumes les dernières 24 heures.

Au moment de terminer cette nouvelle, la course n’est pas encore terminée, la tension a bord reste importante pour savoir si nous maintiendrons jusqu’a l’arrivée notre position en tête de la course ou si un concurrent aura trouve une meilleure situation météorologique pour nous doubler sur le fil.

PS1. Apres le cap Horn, passe en décembre 2002, du mauvais cote il est vrai, j’ai vu son cote nord et non son cote sud, le cap Bonne Espérance il y a trois semaines, je viens de passer le cap Leeuwin et ainsi avoir navigue sur les trois grands océans de la planète. Je n’avais jamais navigue dans l’océan Indien avant cette course. A ces trois grands océans, je peux encore ajouter l’océan Sud, qui entoure le continent Antarctique, océan découvert en 2002 lors de mon expédition sur Philos sur l’ile Georgie du sud.

PS2. Depuis 48 heures, le soleil brille, la température est nettement plus clémente, les couches tombent sur le pont et il n’est plus nécessaire de s’emmitoufler dans son sac de couchage avec x couches de vêtements pour avoir chaud.

Quarantième rugissants, la fin

Lundi et mardi, vent de secteur SW, 35-40 noeuds; une mer formée (forte en termes météo) avec de beaux talus et de jolis petits embruns, certains suffisant pour couvrir le pont et remplir le cockpit de quelques tonnes d’eaux. Ce matin les derniers grains semblent enfin cesser, le soleil est de la partie, le vent a quelque peu diminue (30-35 noeuds), la mer s’aplatit un tout petit peu.

Nous entamons la dernière partie de cette 3eme course; après près de 15 jours, nous entamons notre remontée au nord en direction d’Albany et quittons les 40eme rugissants. Les vents vont progressivement diminuer, ce qui veut dire que c’est aussi la fin des surfs sur presque chaque vague; nous allons avoir l’impression de nous trainer avec moins de 30 noeuds de vent ! Mais d’un autre cote, quitter cet environnement froid et humide n’est pas pour nous déplaire non plus !

Nous sommes actuellement a l’arrière de la dépression qui fut notre moteur cette dernière semaine et a l’avant d’une dorsale, qui j’espère ne nous rattrapera pas, mais nous poussera jusqu’a la ligne d’arrivée. Si tel n’était pas le cas, nous devrions attendre 24 a 48 heures de plus avant de découvrir les plages d’Albany. Notre poursuivant, Derry Londonderry-Doire, est vraiment très rapide et cela promet une belle bagarre jusqu’a la ligne d’arrivée.

PS1. Ocean sprint entre 90`E et 95`E, environ 42`S en 18 heures et 18 minutes. Les 2 points ne seront pas pour nous, Derry-Londonderry-Doire a effectue le sprint en 17 heures et 49 minutes : Bravo a eux.

PS2. Je ne me souviens plus quand j’ai bu autant de chocolat chaud pendant autant de temps (plusieurs par jour depuis près de 3 semaines), histoire d’avoir du liquide et du sucre pour alimenter la machine !

PS3. Nous retrouverons les 40eme rugissants, lors de la « Sydney-Hobart » fin décembre.

À propos de bricole

lundi 16 novembre

Depuis dimanche 1729 TU, nous avons démarré l’ « océan sprint » entre 90`E et 95`E. Au vu des fichiers météo, cela devrait aller vite; attendons de voir la fin du sprint pour être sur que la réalité soit celle prévue par les modèles. Et surtout attendons que tous les concurrents aient traverse ses longitudes pour savoir qui empochera les 2 points.

Il fait un froid de canard, les grains de l’arrière du front se succèdent amenant vent et pluie souvent givrante. Comme nous allons assez vite, ce front ne s’éloigne que lentement, prolongeant ainsi le « plaisir » des grains.

Les contrôles quotidiens du bateau mettent a chaque fois en évidence de petites choses a remettre en état. A faire immédiatement pour éviter les ennuis, surtout dans les conditions météos actuelles qui ne font pas de cadeau. Ce qui fait que plusieurs équipiers passent plusieurs heures par jour a bricoler. Les réparations sont parfois simples et rapides, parfois il faut être un peu, beaucoup Mc Giver pour résoudre un problème en apparence simple et probablement simple si les outils adéquats et les pièces/matériel requis étaient disponible. L’imagination de certains dans le domaine de la bricole est incroyable et c’est a chaque fois un miracle de voir le résultat.

PS1. Toujours sur une route assez directe et toujours 2 concurrents sur nos talons (dans le même système météo), qui poussent encore et toujours l’équipage a bosser a fond pour faire avancer le bateau le plus vite possible. C’est dur pour tout le monde, pour certains, un peu plus que pour les autres.

PS2. A l’heure ou j’écris cette news (16/11 0458), nous sommes déjà a plus de 93`E.

 

Ocean Indien : humide ou mouillé

St-Paul et Amsterdam au NW, Crozet et Kerguelen au SW; comme nous avons tourné la carte, ces iles françaises sont face contre table, l’Afrique a « disparu, l’Australie est visible sur la droite de la carte, ça y est, nous sommes dans l’est de l’océan Indien et plus proche de la ligne d’arrivée que de celle du départ.

Depuis quelques jours, les fronts froids se succèdent imposant pluie et visibilité réduite a l’avant, soleil et froid a l’arrière. Les variations de vents imposent très régulièrement changement de voile et changement de cap. Nous essayons de profiter de toutes les bascules de vent pour tenter de

distancer notre poursuivant le plus proche. Il s’accroche – tous les systèmes arrivant de l’ouest, il en profite avant nous – cela motive les troupes et rend le quotidien un peu plus rude : en résumé une vie a bord d’un bateau en course plutôt que d’un bateau en croisière.

Hors quart, les discussions portent essentiellement sur le degré d’humidité des vêtements portes sous le cire. Le mot « mouillé » a progressivement remplace le mot « humide » a la fin d’un quart et le mot « humide » voire le mot « mouillé » a remplace le mot « sec ». Chacun semble gérer son stock de vêtements plus ou moins humides pour essayer de rester le moins inconfortable possible.

Une notable exception tout de même. Pour les détenteurs de combinaisons sèches, le mot « sec » est encore utilisable et le mot « mouillé » ne fait pas encore vraiment partie du vocabulaire utilisé. J’appartiens a cette catégorie et j’en suis ravi. Pour faciliter la sortie de mon sac de couchage, je garde mes habits a l’intérieur de ce dernier; j’ai ainsi presque l’impression d’être dans un espace confortable. Au vu de la météo, il  est peu probable que la situation change ces prochains jours.

PS1. Un peu avant 0000 TU ce samedi, nous avons atteint notre point levplus sud, a quelques milles nautiques seulement de la « plage », petit nom donne a la limite sud (S 44`30’) imposée par les instructions de course.

PS2. Aujourd’hui, nous passons a TU+7, histoire que le premier quart de 4 heures débute encore de jour, cela facilite quelque peu le passage de témoin.

PS3. Avec 30 noeuds de vent, il faut être muscle pour toutes les opérations sur le pont, y compris a la barre pour corriger les quelques écarts de cap provoques par quelques vagues pas tout a fait comme les autres.

PS4. Je découvre les AVURNAV (avis urgents aux navigateurs) sur SatC en lieu et place du NAVTECH (qui prend moins de place et consomme moins d’énergie sur les petits bateaux); y a pas photo, c’est nettement plus confortable a la consultation.

L’ocean Indien comme on en entend parler

10 novembre – Depuis lundi midi, nous sommes au portant, d’abord entre 30 et 35 noeuds, en diminution durant la nuit, puis stable entre 25 et 30 noeuds lundi matin (rafales a 35 noeuds, molles a 22 noeuds). Dans la nuit de mardi a mercredi le vent se renforce un peu. Nous découvrons l’océan indien comme celui dont on nous parle. Le ciel est gris clair

composé essentiellement de stratus bas, bouchant l’horizon le rendant particulièrement flou; difficile de savoir si c’est encore le ciel ou déjà la mer, sauf lorsque la vague devant notre étrave est suffisamment haute (des 3-4 mètres) pour que l’on ne voie pas au-delà de celle-ci.

A part quelques cordages et les cirés rouges ou jaunes, tout est dans les nuances (ternes) de gris. Le soleil se devine parfois, lorsqu’il ne pleut pas – pas souvent, mais n’est jamais

complètement visible. Il est vrai que nous sommes a l’avant d’un front lie a la dépression qui nous rattrape.

La mer est plus foncée que le ciel, mais gris terne également a part les

moutons et les embruns, qui parfois (pas très souvent) traversent le pont, qui sont blancs. La mer du vent se forme rapidement (dans les 2 heures), mais une fois la hauteur des vagues atteintes, elles ne changent plus. A l’inverse, lorsque le vent tombe, la mer également s’aplatit très rapidement. C’est une des caractéristiques des mers du sud

que je trouve très agréable, on sait a quelle sauce l’on va être mange : le(s) trains de houle – actuellement, il y en a 2, l’un de 100 a 150 mètres d’amplitude, l’autre de 200 a 300 mètres de hauteur de 3-4 mètres (probablement), auquel s’ajoute la mer du vent –

de vagues d’une amplitude de 10 a 30 mètres de 2-3 mètres. Avec 25-30 noeuds de vents, nous commençons a pouvoir surfer – cela dépend un peu de l’angle du bateau avec celles-ci.

Ce lundi matin, la température est presque agréable, avec quelques couches

et la combinaison étanche. Apres 3 jours d’observation, il apparait que la température de l’eau est un bon indicateur pour choisir le nombre de couches a mettre sous son ciré.

 

PS1. Passage en tête de la scoring gate, lundi a 1625 TU : 3 points bienvenus et bon pour le moral.

PS2. Mardi midi (heure du bateau), nous sommes passes a TU+6

PS3. Avec un vent de 28 a 32 noeuds, les surfs sont la règle, même la nuit.

PS4. Lever du jour, ciel bleu, lever du soleil (0026 TU), mer bleu noir couverte d’embruns, 35-40 noeuds, cela va très vite.

Ocean Indien et le rythme des quarts

9 novembre – Les quarts rythment complètement la vie a bord. De quart au froid, hors quart a vaquer a diverses occupations, mais surtout a rejoindre au plus vite sa bannette et son sac de couchage.

Samedi, la température de l’eau est remontée a 16`C, le soleil brillait, il faisait bon (tout en gardant nombre de couches pour ne pas avoir froid). Comme les jours précédents, nous bénéficions d’un vent modéré, mais qui nous permettait de bien avancer sur une route presque directe. La présence de nombreux oiseaux agrémentaient le paysage et les conversations au vu de leur fabuleuse capacité a se déplacer sans autre mouvement des ailes que l’orientation de leurs pennes pour tirer le maximum des courants.

Au fur et a mesure que les jours passent, le nom de ces oiseaux réemerge de ma mémoire profonde et je suis bientôt a même de tous les nommer, au moins l’espèce, a défaut des sous-espèces. C’est plutôt agréable de voir qu’il est

possible de se passer de wikipedia et de récupérer les vieilles données lorsque le besoin s’en fait sentir. Dans la nuit de samedi a dimanche, changement de décor, le ciel se couvre,

le vent forcit un peu, la température de la mer retombe en moins d’une heure a 11`C, il fait humide, un changement de voile d’avant s’impose et c’est avec bonheur que nous rejoignons nos sacs de couchages.

Dimanche matin, l’océan Indien a repris ces attributs de mer du sud: stratus bas, ciel gris, mer gris-noire, la bruine des 100% d’humidité mouille le pont et les cires. Ce n’est pas encore les 40eme rugissants avec ses trains de dépression, nous sommes toujours a l’arrière de l’anticyclone, mais nous commençons a sentir les effets de la dépression qui est sur notre arrière.

Nos concurrents directs depuis 24 heures ne se rapprochent plus ou plus trop, c’est bon pour le moral de savoir que ces prochaines heures, l’écart pourrait a nouveau augmenter.

Les prévisions météos reçues dimanche matin confirment que nous allons très bientôt quitter l’influence de cet anticyclone et que notre navigation va être influencée par le prochain système, a savoir la dépression qui nous suit et qui va progressivement se placer a notre sud.

Bien qu’habitues maintenant a vivre a 40 degrés, nous serons ravis d’être a des allures portantes et voir notre plancher un peu plus horizontal, même si nous savons déjà que le bateau sera plus mobile qu’actuellement et qu’il faudra (re)apprendre a vivre avec le roulis.

PS. Heureux, dimanche après-midi, d’avoir été dans mon sac de couchage lorsque nous avons traverse une zone de brouillard givrant.

Ocean Indien et Léman

7 novembre – Yankee, un autre yankee, spinnaker, un autre spinnaker, yankee, spinnaker, yankee, spinnaker, un autre spinnaker… Depuis 3 jours, on se croirait au Bol d’or* par petits airs. Depuis 3 jours, nous ne pouvons rien faire de plus que de suivre le centre de l’anticyclone qui se déplace relativement lentement, environ 8 nœuds, vu notre vitesse, dans une zone de vents faibles, entre 5 et 12 nœuds. L’océan Indien a des airs lacustres que je n’imaginais pas rencontrer à en croire toutes les histoires entendues sur ce sacre océan.

Cette situation devrait encore durer quelques jours. Nos concurrents depuis 36 heures se rapprochent doucement, mais pour l’instant n’ont pas de passage ouvert pour être a même de nous dépasser, ce qui est comme vous l’imaginez, notre principale préoccupation, a part celle de faire avancer le bateau le plus vite possible.

Puis, nous devrions retrouver un océan Indien plus anime avec des vents soutenus. Comme cela viendra de l’arrière, ce sont les autres qui en bénéficieront en premier et qui mettrons une fois encore nos nerfs à fleur de peau. La course est encore longue et beaucoup de choses peuvent encore se passer avant notre arrivée à Albany.

* Le Bol d’or est la plus grande régate sur eaux intérieures; ;elle est organisée, en juin chaque année depuis 77 ans, par le cercle de la voile de la société nautique de Genève qui réunit plus de 500 bateaux qui doivent effectuer un aller-retour entre Genève a un bout du Léman au Bouveret qui se situe a l’autre bout du lac.

PS1. Vu le premier pétrel géant vendredi matin. Il ne doit plus manquer beaucoup d’espèces des mers du sud que nous n’ayons pas encore vu.

PS2. Au sud du 40eme parallèle sud depuis jeudi. Enfin dans les 40emes rugissants, qui pour l’instant ne rugissent pas vraiment; la température de l’eau est passée de 19`C à 11`C en 24 heures et la température de l’air a également sérieusement baisse. Il ne fait pas encore trop froid dans le bateau, mais il est nécessaire d’ajouter une couche pour ne pas avoir froid sur le pont.

PS3. L’heure de bord passe cette nuit a TU+5, signe de notre avancée régulière vers l’est.