Vers le nord

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A l’approche de l’île de Luzon, quelle ne fut pas notre surprise d’entendre des sifflements, puis d’apercevoir des bras s’agiter. Des naufragés, des pirates ? Nous tout simplement 2 pêcheurs dans une barque jaune d’environ 8 mètres de long avec de chaque côté des balanciers. Normal, me direz-vous, vous êtes à proximité d’une terre. Sauf que nous nous trouvions à environ 40 nM de la côte.

Plus tard dans la nuit, quelques lumières apparaissent et disparaissent. De temps à autre le bruit d’un petit moteur diesel, sans qu’il y ait de lumières du tout. Nous sommes à 15 nM de l’île et nous traversons des zones de pêches. Le plus impressionnant dans la deuxième partie de la nuit est de réaliser que 2 ou 3 lumières visibles en même temps proviennent de toute une flottille (une quinzaine de barques) qui s’était déplacée à notre très lente approche (il n’y avait pratiquement pas de vent et notre vitesse provenait pour l’essentiel du courant d’environ 2 noeuds) et qui après notre passage retournait sur sa zone de pêche.

Jeudi, au petit matin, nous quittons la protection de l’île de Luzon pour s’engager dans le détroit. Le changement de conditions est brutal. D’un vent léger, nous passons à 35-40 noeuds avec des rafales à 50 noeuds; d’une mer plate nous passons à une mer complètement chaotique avec des vagues courtes et abruptes. Les manoeuvres sur la plage avant sont délicates et sportives. C’est comme dans les livres : un très joli effet de pointe et le vent contre le courant.

Relativement rapidement la mer « s’aplatit », le vent se calme et notre progression vers le nord devient presque (on est toujours au près) confortable. La surveillance de nos concurrents est d’autant plus importante, que la traversée de ce détroit peut sans problème, nous faire gagner ou perdre plusieurs places en bien choisissant ou non ses options.

Au passage de la marque au sud de Taïwan, nous sommes en 2ème position, comme vous pouvez le voir sur le tracker et en pleine forme pour réaliser un excellent temps pour le passage de l’ « Ocean Sprint » (entre le 22ème et le 25ème parallèle).

Difficile de faire avancer le bateau vu le peu de vent. Nous passons de nuages en nuages qui nous produisent beaucoup de pluie et peu de vent. Comme un précédent “Ocean Sprint », cela ressemble plus à une course de tortues qu’à une course de formule 1.

PS1. L’heure de bord est depuis vendredi à TU+10.

PS2. Vivement l’équinoxe de printemps, car plus d’un mois de nuit de plus de 12 heures, c’est un peu trop. Je n’avais plus vécu cela depuis le 21 mars 2015.

PS3. Les lingettes humides achetées au Vietnam sont de loin les meilleures de toutes celles que nous avons eu à bord : qualité du tissu, taux d’humidité, parfum pour citer les principaux éléments.

PS4. Les oranges sont vertes, les goyaves ont remplacé les pommes, le carré sent la banane – les petites étaient succulentes – même s’il n’y en a plus.

PS5. La déshydratation est toujours potentiellement d’actualité, car même si la température baisse régulièrement, on transpire beaucoup dans les cirés – cela mouille sur le pont – et dans les banettes – tous les hublots étant fermés.