Les alizés

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La zone tropicale possède une météorologie bien à elle qui diffère notablement de celle des latitudes moyennes. L’énergie fournie aux systèmes est principalement issue des cycles évaporation-condensation et de la réserve de chaleur a température élevée stockée dans les eaux de l’océan. Aux latitudes moyennes, ce sont les contrastes de masses d’air qui nourrissent en priorité les systèmes.

Les alizés se forment entre la ceinture de hautes pressions subtropicales (par exemple l’anticyclone des Açores) et la dépression équatoriale permanente appelée par les marins le pot-au-noir et la zone de convergence intertropicale par les météorologistes. Les alizés couvrent une grande partie de l’océan intertropical n’étant pertubé que par les dépressions thermiques régnant sur les continents et qui peuvent donner lieu a des phénomènes de moussons. Ce schéma colle assez bien a la réalité de l’océan Atlantique. Une analyse plus fine permet de mettre en évidence des différences dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique en raison de la topographie des terres, avec en particulier un effet fort du massif de l’Himalaya.

Pour plus de détails, je vous invite a lire l’excellent ouvrage de Jean-Yves Bernot sur la stratégie météo au large en course et en croisière.

Au temps de la marine marchande a voile, on appelait les alizés « les doux vents de la carte ». En langue d’oc, « alis » signifie « lisse », « doux ». Les anglo-saxons, plus pragmatiques, les nomment « les vents du commerce » (trade winds); en allemand, ils se nomment « Passat » en raison de la régularité des traversées.

Même si nous naviguions avec des vents du secteur NNE, nous n’avons trouvé les alizés que, tardivement, au sud de l’archipel des Canaries. Les alizés de l’Atlantique Nord soufflant a l’est de l’Atlantique du secteur NE avant de s’orienter N (à cause de la diminution de la force de Coriolis) nous ont poussé jusqu’au pot-au-noir rencontré juste au sud de l’archipel du Cap Vert. La bateau était plus ou moins plat, roulant un peu à cause des vagues de taille modérée (1 à 2 m) avec une température de l’air et de l’eau se réchauffant progressivement. Un appel au farniente, ce qui n’est pas ce qui est attendu d’un équipage d’un voilier en course.

Après le passage rapide du pot-au-noir, moins de 48 heures avec des vents variables et faibles, nous avons rejoins les alizés de l’Atlantique sud (environ a la latitude 11N). D’abord de secteur sud (même loi de Coriolis, mais dans l’autre sens), les vents se sont progressivement orientes au SE nous permettant de faire un bord bâbord bon plein en direction de Rio de Janeiro. De la position plate nous nous sommes retrouver a 45 degrés de l’horizontal; du roulis, nous sommes passe au tangage; de la température très élevée et d’une humidité a pratiquement 100% jour et nuit, nous retrouvons une température plus fraîche la nuit et une humidité nettement moins élevée (il n’y a plus un demi centimètre d’eau sur tout le corps tout le temps).

Progressivement à l’approche des cotes brésiliennes les alizés vont s’orienter a l’est puis au nord-est, nous permettant de retrouve une allure portante et donc des conditions similaires a celles rencontrées dans l’Atlantique nord.

PS1 : Nous avançons vite, 258 NM en 24 heures entre vendredi et samedi soir, mais cela vous le saviez déjà.

PS2 : Nous avons démarré l’  » Ocean sprint » de la première course, samedi 19 septembre a 2231 TU qui consiste a parcourir la distance entre les latitudes 5S et 10S le plus rapidement possible (plus vite que tous les autres bateaux en course) pour engranger 2 points supplémentaires – nous ne saurons donc que lorsque tous les bateaux auront passe la latitude 10S qui bénéficiera de ces 2 points.

PS3 : La croix du sud est maintenant bien visible; d’abord parce qu’une bonne partie de la nuit est sans lune (son croissant étant maintenant a plat regardant vers le haut), ensuite parqu’il n’y a plus de spinnaker pour la cacher.

PS4 : Depuis 2 nuits, nous croisons plein de grosses méduses bio-fluorescentes, qui ont surpris plusieurs membres de l’équipage. Sinon peu d’oiseaux et de moins en moins de poissons volants.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, lundi 21/09/2015 0000 TU