Cellulaire

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Rien à voir avec la biologie, la cuisine ou une nouvelle méthode de naviguer.

A peine le départ donne, que déjà les premiers messages, les premières images sont envoyées, qui a la famille, qui aux amis, qui enfin aux membres de l’équipe LMAX Exchange. Les téléphones de nombre d’équipiers crépitent à qui mieux mieux.

Ils ont cesse d’émettre en quittant la cote anglaise. A peine Alderney en vue, qu’ils ressortent des poches. « Bonjour, chérie. Tout va bien, on arrive sur la cote française. » Et cela continuera jusqu’au passage de Ouessant. La traversée du golfe de Gascogne est tranquille côté cellulaire; côté voile, il faut s’accrocher pour tenter de distancer les proches concurrents.

A peine une terre visible annoncée, il s’agit de la côte NW de la Galice et le cap Finistère dans le fond, qu’à nouveau on entend : « je n’ai pas de signal et toi ? » « Ça y est je l’ai. » « Moi toujours pas. Ah si c’est bon. »

Et puis un peu plus tard, à nouveau le silence des cellulaires.

A l’annonce de la proximité de Lanzarote, premières tentatives qui échoueront lamentablement, on passe trop loin. « Je vois une île. » Avant même de se demander laquelle on voit, que l’on entend : « Bonjour ma puce, c’est papa. » « Allô chéri, tout va bien a bord. Comment vas-tu et comment vont les enfants ? »

Nous passons a l’est de Gran Canaria, l’on voit bien les grues du port commercial de Las Palmas.

A l’approche de l’archipel du Cap Vert, rebelote. Les îles du nord de l’archipel restent dans la brume et nous sommes hors de portée du signal. Un presque désespoir atteint les accros du mobile. Au coucher du soleil, le miracle, Fogo et ses hauts sommets sont visibles. « Ici il fait beau et très très chaud. Comment dis-tu, il pleut sur Paris, je ne t’envie pas même si tu me manques beaucoup. » « Salut papa, tout va bien a bord et ta santé ? »

Les dernières lumières des habitations de Fogo disparaissent, les téléphones repartent au fond des poches ou du bateau.

Prochaine sortie des téléphones au contact de la cote brésilienne ou peut-être en passant a proximité de l’archipel de Fernando de Noronha.

D’ici la, les grains du pot au noir, puis une semaine au près, bon plein et travers dans 20-25 nœuds de vent du SE.

PS1 : Être en tête c’est super, mais … nous sommes les premiers à avoir ralenti a l’entrée du pot au noir; de voir les poursuivants se rapprocher à grande vitesse est générateur, chez certains dont moi, d’un certain stress, bien que sachant qu’ils vont aussi ralentir, mais peut-être pas autant que nous et en espérant vivement que nous repartirons avant qu’ils nous rattrapent, voire nous dépassent; dans ce dernier cas, tout le travail pour reprendre la première place serait a refaire avec moins d’options a disposition.

PS2 : Les angoisses exprimées en PS1 se dissipent grandement en voyant les difficiles conditions de vent de nos poursuivants directs pour faire avancer le bateau.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercredi 16/09/2015 0000 TU