L’archipel des Açores

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Ce matin au réveil, un brouillard épais nous entoure. En fin de matinée, le soleil tente péniblement de percer la couche nuageuse. La visibilité reste mauvaise.

Depuis 24 heures, nous sommes passé au nord de la dorsale. Le vent souffle de plus en plus fort – mardi après-midi, il soufflait déjà à près de 20 noeuds – et vient du secteur ouest. Après une semaine tribord amure, nous naviguons, bâbord amure, en direction du nord de l’Irlande en suivant plutôt une route orthodromique. Il reste environ 1200 nM à parcourir. Au vu de la prévision météo, cela devrait aller vite.

Nous sommes actuellement à 500 nM au NW de l’archipel des Açores, passage obligé des bateaux revenant des Antilles. Il n’est en effet pas possible de ne pas s’arrêter dans le port de Horta sur l’île de Faial, appartenant au groupe des îles centrales. Chacun veut pouvoir laisser une trace sur la digue du port, il y a tellement de passage, que les sols sont également remplis de graphes. Je ne parle pas du bar dont j’ai oublié le nom, dans lequel on refait, une fois, deux fois, dix fois, sa traversée avec les clients – pratiquement tous des navigateurs venant de traverser l’Atlantique.

PS. L’option ouest le long de la boîte des glaces n’a pas été payante du tout et les bateaux qui l’ont choisie, à l’exception de Clipper Telemed+
qui, sorti du mode furtif, se retrouve 80 nM dans notre NW et 5 nM devant nous par rapport à la ligne d’arrivée, sont maintenant relégué à plusieurs dizaines de milles derrière nous.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercedi 29 juin 2016 0000 TUC

La fin des glaces

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Ce soir, il semble bien que l’option nord (voir la précédente nouvelle) a été payante; tous les bateaux l’ayant choisies se sont retrouvés dans le peleton de tête. Clipper-Telemed+ plus au sud a opportunément rejoint le groupe nord au bon moment et a pu ainsi tirer son épingle du jeu.

Allions-nous tenter ou non la « scoring gate » ? Nous devions laisser le doute à nos concurrents. A l’approche de la marque sud-est de la boîte des glaces, nous sommes passés en mode furtif, comme l’avaient fait quelques
heures auparavant Great Britain et Garmin.

Les vents peu favorables nous ont imposé de renoncer à tenter de gagner les 3 points; il semble qu’il en soit de même pour les concurrents en tête de course.

Nous ne sommes plus bloqués au niveau du 40ème parallèle par la boîte des glaces placée par le comité de course pour nous éviter une méchante rencontre avec des icebergs et surtout des growlers, plus petits, tout aussi dangereux, mais non visible au radar. Nous faisons route vers le NE pour éviter le centre de l’anticyclone des Açores placé très à l’ouest –
qui semble vouloir s’étaler sur tout l’Atlantique ces prochains jours – et les forts courants contraire plus au nord.

Plusieurs concurrents ont choisi une route directe et se retrouvent maintenant bloqué par le courant.

Il ne reste plus, a priori que Derry-Londonderry-Doire et nous en tête de course – il faut tout de même garder un oeil dans le rétroviseur. La bataille est rude pour sortir les premiers au nord de la dorsale.

PS1. Avec les vents mollissants, le bateau est à nouveau aéré et nettement plus agréable à vivre !

PS2. L’heure de bord sera dès demain à TU-1.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, lundi 27 juin 2016 0000 TUC

Les options

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Côté vent, c’est pour une fois relativement simple.

Il y a l’anticyclone des Açores qui se trouve très à l’ouest et même pratiquement centré sur la scoring gate. Il semble se déplacer légèrement
au NE, mais vraiment pas très vite. Cela sera notre prochain souci.

Il y a ensuite les dépressions naissants dans la région de New York. La première ayant généré le front dont j’ai parlé dans la précédente
nouvelle; la suivante, celle qui pousse rapidement toute la flotte à l’est.

Côté courant, c’est une autre histoire.

Le Gulf Stream est capricieux, comme le sont toutes les rivières quand elles ont la place de choisir librement leur chemin. L’option sud est
visiblement plus avantageuse les premiers jours, alors que l’option nord plus lente pourrait se révéler plus payante vers la fin de la limite des glaces, soit au moment de commencer à négocier l’anticyclone.

Nous avons choisi la deuxième option. Pas facile pour les nerfs – ils seront aussi mis à rude épreuve dans les vents légers de l’anticyclone –
même si nous avançons vite à chaque fois que les 3-4 noeuds de courant nous poussent et comme il y a du vent, les surfs sont fréquents et jouissifs.

Réponse à la justesse ou non de notre choix dans quelques jours.

PS1. Les grains sont derrières nous. Il fait grand beau et le paysage maritime bleu turquoise couvert de blanc moutons fait rêver.

PS2. L’heure de bord est TU-2. Ceci permet de bénéficier du jour jusqu’à 22 heures; puis de la lune qui apparaît dès le crépuscule et nous
illumine largement jusqu’à l’aurore. Cela rend les quarts de nuit nettement plus agréables.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, samedi 25 juin 2016 0000 TUC

La grande pomme

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C’est la première fois que je m’arrêtais à New-York. L’arrivée en bateau est magique. Découvrir tout d’abord sur l’horizon toute une lignée de lumières, puis progressivement distinguer les hauts bâtiments, les ponts
et finalement la statue de la liberté – nous passerons à proximité vers 1 heure du matin (heure locale). Nous entrons dans la rivière Hudson entre Manhattan et Jersey City pour nous amarrer dans la marina Landing Liberty.

Après la traditionnelle bière de l’arrivée, nous débutons le « deep clean » à 3 heures du matin. Terminé vers 6h30, nous partons à la recherche d’un restaurant pour un bon petit déjeuner. 40 minutes de marche pour le rejoindre…

A notre retour, nous attendons les douanes et regardons les autres équipages débuter leur grand nettoyage.

La course 12 en direction de Derry-Londonderry a débuté le 20 juin à 2044 TU selon la procédure rodée « Le Mans ». Nous naviguons maintenant le long du 40ème parallèle, limite à ne pas dépasser, tout d’abord à cause d’un
système de séparation du trafic (TSS) puis à cause des glaces qui descendent le long de Terre-Neuve, jusqu’à environ 41°N – carte des glaces fournie par le service météo canadien. Nous resterons sur ce parallèle jusqu’à la longitude 040W avant de pouvoir librement naviguons plus au nord en direction de l’Irlande du Nord, tout en essayant de ne pas se faire piéger par l’anticyclone des Açores, actuellement très à l’ouest.

PS1. Un front nous a rattrapé ce matin et nous a donné quelques émotions avec une des voiles d’avant. Il a également retourné l’estomac d’un bon nombre d’équipiers, ce que nous n’avions plus vu à bord de LMAX Exchange depuis la « Sydney-Hobart ».

PS2. Notre heure de bord passe aujourd’hui à TU-3.

PS3. Nouveau clavier, le b fonctionne à merveille, mais il faut taper fort sur le a, pour qu’il apparaisse 😉

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercredi 22 juin 2016 0000 TUC

Colin

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Colin est définie comme une tempête tropicale. Née dans le golfe du Mexique, elle se déplace rapidement (environ 30 noeuds) le londg de la
Floride vers le NE, générant des vents de 35 à 50 noeuds.

Un premier routage nous proposait un passage par le centre de celle-ci. Après une première mise à jour météo, nous nous retrouvions à passer à environ 50 nM du centre de Colin. Une deuxième mise à jour a mis en évidence un déplacement beaucoup plus rapide du système, ce qui ne nous a pas épargné des vents nettement plus forts que durant les premiers jours de cette course. En début de matinée du 7 juin, nous avons un vent de secteur sud d’environ 30 noeuds.

Sur les dernières cartes météo reçues (12 heures environ après la dernière mise à jour), la tempête tropicale est déjà dépréciée en post tempête tropicale le 8 juin à 0000 TU.

A 1400 TU, le centre de la dépression se trouve 200 nM au nord de notre position. Le vent du sud souffle entre 35 et 45 noeuds et des rafales à 60 noeuds. Dès 1600 TU, le vent se calme, le baromètre a cessé de chuter, le soleil revient et la visibilité s’améliore.

En résumé, Colin a mis un peu de piment supplémentaire dans cette course, nous donnant peut-être une opportunité complémentaire pour devancer nos concurrents.

PS1. Nous avons terminé l’Ocean Sprint en 11 heures et 47 minutes. Nous ne récoltons pas les 2 points. Ils vont à Ichorcoal. Félicitations.

PS2. Un par un, nous repassons devant nos concurrents; nous sommes le 08/06/2016 à 0000 TU en 5ème position.

PS3. Avec 2 jours de retard – j’ai oulié ce PS dans ma dernière nouvelle – joyeux anniversaire Dawn. Dawn Miller est la collaboratrice de Clipper Ventures en charge de l’organisation des entraînements et son accueil
chaleureux à Gosport était un véritable rayon de soleil dans une ville souvent terne et triste sous le crachin très anglais.

PS4. La pénalité de 1h10′, pour être entré dans les eaux nationales de Haïti, qui nous a été infligée par le comité de course est basée sur
l’intention annoncée de protester par un autre concurrent.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercredi 06 juin 2016 0000 TUC

Pas terrible

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Notre position au classement de la course à la sortie du « Winward Passage » entre Cuba et Haïti et à l’approche des premières îles des bahamas n’est vraiment pas terrible. Se retrouver en queue de peleton avec les 3
premiers déjà largement détachés est un rude choc pour l’équipage peu habitué à ce genre de situation.

Le temps de se remettre d’aplomb et c’est reparti pour regagner du terrain. L’objectif général est clair : regagner des places pour être le moins prétérité possible au classement général. Cela se traduit par un objectif à très court terme : se placer devant le bateau qui se trouve juste devant nous. L’équipage est maintenant complètement focalisé pour
avancer le plus vite possible et surtout plus vite que notre prédécesseur.

Peu avant le coucher du soleil, ce sont 3 bateaux qui sont en vue devant nous – Derry-Londonderry-Doire, Quingdao et probablement UNICEF – et un que nous avons largement dépassé ces dernières 24 heures. Un peu moins de 800 nM avant la ligne d’arrivée, ce qui nous laisse encore un petit peu de marge.

PS. Nous remontons vers le nord, les jours s’allongent et les températures deviennent nettement plus clémentes.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, lundi 06 juin 2016 0000 TUC

Cuba

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La Jamaïque, Haïti, Cuba. Je m’arrêterai volontiers sur ces îles aux noms charmeurs. Une pause prolongée pour profiter de leur climat clément – enfin lorsqu’il n’y a pas d’ouragan, de leur musique fabuleuse, de leurs
ruhms parfumés, de l’accueil chaleureux de leurs habitants. Nous sommes en course, cela sera pour une prochaine fois.

Au large de la Jamaïque, 3 îlots minuscules – du sable blanc au ras de l’eau avec un phare rayé noir et blanc sur Cay Nordest, ce sont les îlots
de Cay. Nous passons sous leur vent, Derry-Londonderry-Doire et Garmin à leur vent. Une photo improbable … et pourtant.

A l’approche de Cuba, la bataille fait rage dans un vent mollissant quelque peu au petit matin, puis se renforçant à nouveau.

La nuit suivante, c’est la chasse aux courants d’air. Les chassés-croisés se poursuivent et au moment où je termine cette nouvelle, à l’ouest de NorthWest Point, Great Inagua Island, The bahamas, nous ne sommes pas encore sorti de l’auberge. A des vitesses ridiculement lentes, des caps innattendus, les bateaux sont une fois devant, une fois derrière. Encore du boulot en perspective ces prochains jours.

PS. Intéressantes conversations sur la VHF entre Derry-Londonderry-Doire et Great Britain. On en reparlera prochainement.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, samedi 04 juin 2016 0000 TUC

Mer des Caraïbes

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Nous sommes arrivés à Flamenco bay marina, à proximité de Panama city le 24 mai en fin d’après-midi. Contrairement à ce qui nous avait été annoncé, nous n’avons traversé le canal de Panama pour rejoindre Shelter bay marina, située côté atlantique au nord du canal, que le 26 mai, ce qui nous a permis de passer la journée du 25 à visiter Panama city, en
particulier sa vieille ville pleine de charme avec en particulier son église construite avec l’argent d’un pirate anglais du 16ème siècle – ce dernier devant payer plutôt que de pouvoir piller l’or de la région.

Quelques jours très tranquilles, avant de reprendre la mer le 30 mai à 0300 TU. Une première nuit de moteur pour rejoindre le premier point prévu de départ; mais l’absence de vent a incité le skipper leader à poursuivre
vers le nord 24 heures de plus.

Nous avons finalement pris le départ le 31 mai à 1208 TU – départ donné selon la procédure « Le Mans » dans un vent d’alizés bien établi.

Au vu de la bagarre des premières heures, la course promet d’être particulièrement intense.

Prochaine marque, le passage dans quelques 500 nM entre Cuba et Haïti.

PS. L’heure de bord est TU-3.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercredi 01 juin 2016 0000 TUC.

Costa Rica

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Nous faisons route vers Golfito bay au Costa Rica pour faire le plein, nous permettant ainsi de rejoindre Panama sans tomber en panne de fuel.

Depuis 1200 TU ce vendredi 20 mai la ligne d’arrivée est close. Nous l’avons passée le 18 mai à 2341 TU sans savoir que c’était la ligne d’arrivée – le comité de course a annoncé environ 12 heures plus tard que la course était raccourcie, ainsi que l’heure de clôture de celle-ci. Huit bateaux ont ainsi coupé la ligne, les 4 derniers bateaux seront classés en fonction de leur distance à la ligne d’arrivée.

Les dernières 12 heures de course ont été particulièrement intenses. Une lutte acharnée avec Clipper Telemed+ dans un vent variable et très léger; UNICEF étant en embuscade et Derry-
Londonderry-Doire revenant rapidement sur nous.

Nous étions au sud de la marque extérieure – environ 10 nM. De nombreux virements de bord ont été nécessaires. La tension était à son comble lorsque Telemed s’est retrouvé quelques centaine de mètres devant nous. Un nuage nous a sauvé la mise, nous avons pu envoyé un spi et en quelques minutes les
positions étaient inversées. Telemed se trouvant finalement forcé d’abattre pour passer à l’extérieur de la marque pour couper la ligne dans le bon sens.
Nous coupons enfin la ligne quelques 600 mètres devant eux et gagnons cette dixième course.

Si pendant la course nous cherchions le vent des cumulus, nous slalomons maintenant entre eux – moins de vent et moins de pluie ;-).

PS. Prochaine nouvelle à partir du 30 mai 2016, date de départ de la course 11.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, vendredi 20 mai 2016 1400 TUC

Les oiseaux

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Ils arrivent le 13 mai en début de soirée. Ils sont sept. Ils sont autour
du mât. Ils essaient de se poser. Au bout
d’une petite demi-heure, le premier réussit un atterrissage au bout de la
troisième barre de flèche. Il est en
équilibre très instable. Il est rapidement délogé par un deuxième. Mais
visiblement cela pas très confortable et
surtout il n’y a pas assez de place.

Ils décident alors de se rapprocher du pont et visent le baupré et le
balcon avant. Avant la tombée de la nuit et un
peu d’exercice, ils sont 5 à se poser.

Au petit matin, bien reposés, ils décident qu’il est temps de prendre un
bon petit-déjeuner. Les voilà partis. Pas
très longtemps.

Rassasiés, ils reviennent; on note que l’atterrissage ne leur posent plus
de problème. Ils se font tirer le portrait
il y a quelques jolies photos.

De nouveaux venus tentent de s’installer également à bord de LMAX
Exchange, mais ne sont pas les bienvenus; le
palace est jalousement défendu.

Virement de bord, ils s’envolent et reviennent se poser. Au quatrième
virement, ils se contentent de faire demi-
tour, pour se mettre face au vent. Trop de vent, cela mouille trop à
l’avant, ils s’envolent, le temps que cela se
calme et reviennent. On envoie un spi, idem. Il y a tout de même le petit
malin paresseux qui trouvent le moyen de
rester tranquillement sur le baupré.

Trois ou quatre oiseaux sont toujours à bord.

PS. La troisième porte est toujours devant nous. La lutte est rude pour
rester en tête.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, mercredi 18 mai 2016 0000 TUC