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Routage météo

Le routage météo : cela va être notre quotidien pendant une année. Parfois au large, sans avoir besoin d’intégrer en plus les effets côtiers ayant une influence majeure sur les vents, les courants, l’état de la mer. Souvent proche des terres (au départ et à l’arrivée de chaque course, mais aussi lors de la moitié des courses de la régate :

  • course 5, Sydney – Hobart
  • course 6, Hobart – Airlie Beach
  • course 7, Airlie Beach – SE asiatique
  • course 10, Seattle – Panama
  • course 11, Panama – New-York
  • course 13, Derry-Londonderry – Europe continentale
  • course 14, Europe continentale – Londres.

A titre d’exemple, Les îles Canaries perturbent le flux du vent jusqu’à 1000 km dans leur sud.

Plutôt que de faire de la théorie, je vous propose un exemple très concret et actuel. Je me suis inscrit pour la Transpac 2015 sur virtual-loup-de-mer. La course démarre à 2000TU le 18/07/2015.

Ma question est donc : Quelle route choisir ?

Depuis quelques jours j’observe la météo (conditions réelles et prévisions – le modèle GFS qui est utilisé sur le site pour la course virtuelle (mise à jour toutes les 6 heures).

J’observe également la trace des bateaux en course depuis le 13 juillet (premier départ de la course réelle).

Mon outil de routage qtVlm  avec des données de prévisions GFS à 10 jours à 0.25° obtenue via zyGrib.

Rejoindre l’arrivée demande plus de 10 jours. Il s’agit donc de choisir une route avec une part importante d’incertitude. Il devient nécessaire de tester plusieurs options.

Comme il s’agit d’une course virtuelle, les paramètres utilisés sont nettement plus limités que dans la réalité (pas de courant, pas de vagues influançant la polaire fournie) et les virements ou les empanages sont sans perte de vitesse.

Transpac_201507191800La route la plus rapide est celle du nord (rose); elle impose une décision très rapidement après le départ et n’offre plus d’alternative. Elle est donc risquée, si la situation météo évoluait différemment que les prévisions actuelles.

La route du milieu montre en utlisant les isochrones inverses que l’incertitude de parcours est faible, ce qui est bon signe, mais il y a également peu d’opportunité de corriger la décision initiale.

Les deux autres options Transpac_WP10j-3-1024x577retenues montrent qu’un léger décalage du WP de destination (à la limite des 10 jours) amène le logiciel à proposer deux routes très différentes, nécessitant également une décision rapidement après le départ (moins de 24 heures).

Les deux points sont atteints pratiquement en même temps et la distance à l’arrivée est quasiment identiques (350 nm environ) contre 280 nm pour le point de la route nord atteint 2 heures plus tard.

La distance à parcourir depuis la première porte (obligation de laisser Catilana Island à tribord) est de 2213 nm (orthodromie) et 2225 nm (loxodromie).

Les bateaux en course réelle semblent suivre plus ou moins une ligne directe qui se situe entre les options nord et l’option sud.

Les observations des derniers 8 jours donnaient à penser que la route directe ou même légèrement sud étaient privilégiées.

PilotChart07-LA-HonLe pilot chart du mois de juillet montre qu’à cette période il y un vent dominant du  N à NE entre 75% et 80% et une absence de vent inférieure à 3% sur la zone considérée.

Alors que choisir et sur quelle base ?

Ce qui rend la décision délicate est ce « marais » basse pression (environ 1010 hPa) au large de Los Angeles qui se déplace lentement vers l’ouest pour s’affaiblir le 22 juillet et disparaître le 23 juillet. Il impose d’essayer d’en sortir soit par son nord, soit par son sud pour espérer avoir du vent.

Animation de la prévision (18/07/2015 0000TU

Transpac_201507230000La position des bateaux le 24 juillet à 0000 TU met en évidence les écarts nord-sud (70 nm entre les routes 1 et 2 et  400 nm entre les routes 2 et 3) et les écarts de longitude (40 nm entre la route 1 et 2 et 150 nm entre la route 2 et 3).

Il est urgent d’attendre avant de prendre une décision ne laissant plus aucun choix. Il faut refaire le point toutes les 6 heures jusqu’au départ et pendant les premières 24 heures en optant pour la solution médiane (la route brune) la plus proche de la ligne directe et qui permet d’y revenir rapidement si la situation évolue.