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Du rêve

Je ne sais pas si vous aussi, mais moi, gamin, dans le salon de ma grand- mère, j’adorais les dimanches pluvieux, lorsqu’il n’était plus possible de jouer dans le jardin, me plonger dans son atlas géographique, qui certes n’était pas de première jeunesse et nommait encore certains pays avec des noms disparus depuis longtemps. Pour vous dire la vérité, j’adore toujours !

Bien sûr, il y avait les pages de la Suisse, celles de l’Europe et du continent nord américain, nombreuses et détaillées. Puis vers la fin de l’Atlas, on arrivait aux pays où l’on marche sur la tête, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais il y avait surtout ces deux ou trois pages magiques des îles du Pacifique qui me transportait dans des zones que seule mon imagination me permettait de visualiser. Des dizaines d’îles et d’îlots dont les noms reflétaient la grande époque des découvertes, le nom des capitaines, comme Bougainville, des noms de leurs régions d’origine, comme la Nouvelle Bretagne et sa péninsule Gazelle, mais aussi de nombreux noms à consonance étrange comme Tauu ou Paopao.

Je ne pensais pas alors qu’un jour, je naviguerais dans cette région, que je passerais à proximité, sans voir la majorité des îles ayant rempli mes rêves d’enfant.

PS1. Depuis dimanche matin, nous longeons l’île Bougainville avec son plus haut sommet à 2700 m. Nous avons profité des thermiques côtiers, pour améliorer notre vitesse.

PS2. La nuit dernière, nous avons rencontré les premiers orages, avec de magnifiques éclairs illuminant tout le ciel. Un peu de pluie, histoire de se rincer de la transpiration de la journée. Un peu plus de vent (20-25 noeuds) à proximité des cumulus, rien de dramatique pour l’instant. Nous sommes véritablement entrés dans le pot-au-noir.

PS3. C’est compliqué de garder sa vitesse en allant dans la bonne direction. On a toujours l’impression de ne pas être au bon endroit.

PS4. Petit à petit, nous remontons vers notre prochaine marque, l’île de la Nouvelle Irlande à laisser à bâbord, puis la « scoring gate » que nous devrons passer en tête pour engranger les 3 points. Encore bien du pain sur la planche.

Étoile polaire et croix du sud

Il y a 2 jours nuit sans lune – elle venait de se coucher – et sans nuage – ils avaient tous fondu au coucher de la lune. A l’entrée de la mer Solomon. Pas de côte en vue, pas de lumière artificielle; des conditions parfaites pour voir tous les corps célestes et comme ils sont tous là, la nuit n’est plus tout à fait noire. Nous sommes en zone intertropicale et nous commençons à revoir les étoiles connues de l’hémisphère nord. C’est la zone que je préfère, car la petite ourse et la croix du sud sont toutes les 2 visibles. Et comme très souvent, lorsque le ciel est clair, des étoiles filantes.

Nous avons définitivement quitté l’Australie, avec sur notre gauche, la Papouasie-Nouvelle Guinée et à notre droite, les îles Solomon, ce vendredi matin, nous approchons de Bougainville, avec Choiseul au SE.

Les alizés sont maintenant derrière nous et c’est le début de la chasse à toutes les risées pour faire avancer le bateau et tenter de nous détacher de nos concurrents, Qingdao à vue depuis plusieurs jours, Great Britain, Garmin, et Derry-Londerry sur notre gauche, ces derniers ayant choisi une route un peu plus nord que la notre.

PS1. Dans la nuit de mercredi à jeudi, un oiseau (probablement un fou de bassan) s’est reposé pendant environ 1 heure en tête de mât, se faisant régulièrement chatouiller par la girouette.

PS2. Ces prochains jours, les repas vont être très riches en légumes et en fruits; la température ambiante les aidant à murir à très grande vitesse !!!

PS3. 6 à 8 litres d’eau par jour et par personne pour ne pas se déshydrater dans un environnement chaud et humide, ensoleillé et sans vent. Merci au déssalinsisateur de produire suffisamment d’eau.

Cap sur l’hémisphère nord

Lundi 18 janvier 2016 12 heures, heure locale- Nous larguons les amarres de la marina au son du chant de LMAX Exchange (pour l’écouter se rendre sur mon blog : http://dominiquehausser.skippers.tv). Le soleil est là, mais très vite au début de la parade, nous nous retrouvons sous un grain, ce qui n’empêche pas plusieurs bateaux de nous suivre et de nous applaudir.

Puis c’est le convoyage pour le point de départ se situant juste à l’extérieur de la grande barrière de corail. Un joli slalom entre les îles de l’archipel des Withsundays.

Le départ, selon la procédure « Le Mans », de la course 7 est donné mardi 19 janvier à 0530 TU. Au bon plein, nous nous dirigeons directement vers la prochaine marque située à plus de 500 nM en décidant de passer à l’est des récifs de coraux se trouvant sur notre route. Cela nous place ce mercredi 20 à 0000 TU en 8ème position, car certains concurrents ont décidé de passé de l’autre côté, se plaçant ainsi plus au nord.

Nous sommes toujours dans les alizés et nous traversons régulièrement des lignes de grains amenant un peu de pluie, histoire de rincer l’eau salée des embruns, sans pour autant que nous subissions des vents forts.

Nous allons encore profiter quelques jours des Alizés avant d’entrer dans le pot-au-noir pour plusieurs jours, probablement jusqu’à l’équateur.

Naviguer à l’intérieur de la grande barrière de corail, puis la traverser, et enfin régater le long de celle-ci est hallucinant. Voir à quelques encablures les brisants et même une épave de bateau de pêche donne quelques frissons et montre une fois encore la nécessité de bien lire les cartes pour éviter les mauvaises surprises, car il n’y a pas d’aide à la navigation dans cette région.

PS1. Après l’accueil fantastique à Hobart, L’accueil à Airlie Beach fut également fantastique et chaleureux, tant par la population, que par les autorités et par les 2 clubs nautique du coin.

PS2. Encore une région ajoutée sur ma liste des lieux où je souhaite revenir; car les « stopover » sont toujours beaucoup trop court pour la découvrir autrement que très superficiellement.

PS3. A la fin de l’étape 4, 9 équipiers nous ont quitté (4 présents depuis le départ et 5 nous ayant rejoint soit au Cap, soit à Albany. 7 nouveaux équipiers ont embarqués (2 pour les 4 étapes restantes, 5 pour 1 ou 2 étapes). Un gros changement, imposant à tout l’équipage à travailler dur pour assurer les automatismes des manoeuvres et un bateau rapide et victorieux. Comme il y a eu également de nombreux changements sur les autres bateaux, tous sont soumis au même régime, ce qui ne devrait pas trop modifier l’équilibre des forces.