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Monotonie ou « persite et signe »

Malgré la répétivité de la vie à bord, à chaque instant rien n’est exactement pareil. Les cuistots donnent aux ingrédients de base (riz, pâtes, couscous, poulet, boeuf, mouton) leur couleur et leur saveur, les chaussettes ne sont pas mouillées avec la même quantité d’eau, le sac de couchage est plus ou moins tordu, la bannette à des angles un peu différents à chaque fois…

Le paysage est au premier abord monotone, mais il change à chaque seconde, les vagues ne sont pas au même endroit, leur taille varie en tout temps, les nuages se sont déplacés, ils ont changé de forme, ils ont fondu ou au contraire surgi d’apparemment nulle part.

Ces changements tout en nuances – à part ceux qui ne le sont pas à l’arrivée ou au départ d’un grain ou d’un front, me font poursuivre ma passion de naviguer en mer depuis plusieurs décennies; et ce n’est pas les conditions de cette traversée du Pacifique nord, particulièrement ardues, qui m’ont fait changé d’avis. Vous me verrez encore longtemps, je l’espère, sur les mers – probablement pas une nouvelle traversée du Pacifique nord au mois d’avril, de notre belle Terre.

Je persiste et signe.

PS1. Après la pluie, le beau temps, mais « veille au grain » et depuis le petit matin, il y en a eu une bonne dizaine, dont la plupart bien corsés.

PS2. Un peu de 250 nM de la ligne d’arrivée. La bataille pour la deuxième place est rude entre les équipages de LEMAXIMUS et de HMS UNICORN (voir plusieurs des nouvelles des skippers de CV24 et CV30 pour plus de détails sur les surnoms des bateaux).

PS3. De la ligne d’arrivée, située à l’entrée de la passe au sud de l’île de Vancouver, à Seattle il reste encore 120 nM à parcourir.

PS4. L’heure de bord est maintenant à TU-8.

Dominique Hausser sur LMAX Exchange, lundi 11 avril 2016 0000 TUC