L’entraînement niveau 2

image_pdfimage_print

ou dans la terminologie Clipper Ventures « Level 2 training ».

L’objectif de cette semaine à bord d’un Clipper 68 (la deuxième génération des Clipper de cette course bi-annuelle) est principalement de revoir ce qui a été appris lors du premier et surtout d’appréhender la vie en mer sans toucher terre pendant plusieurs jours. Manger, dormir, faire avancer le bateau, s’assurer que celui-ci reste en bon état, réparer les avaries. (L’objectif annoncé  par Clipper Ventures : « Discover how to live at a 45-degree angle for prolonged periods while racing. Learn to work in a watch system and race with broken sleep as you sail through the night. You will be amazed at how quickly the skills you learnt on Level 1 come back to you. Not quite like riding a bike, more like riding a bucking bronco – in a washing machine. »)

Mon premier entraînement a eu lieu au début du printemps 2014 (il y a un peu plus d’une année). Entre temps, j’ai convoyé un Clipper 70 de Gosport à Londres et retour, suivi l’entraînement « Coxswain »; cette fois-ci, c’était à nouveau le processus « normal » de l’entraînement obligatoire mis en place par l’organisation de cette régate autour du monde en équipage et par étape.

Chaque participant est arrivé avec ces propres questionnements. Personne ne connaissait personne. Il faudrait partager un espace restreint dans des conditions « compliquées » pour la majorité. Il y avait quelques angoisses; moi y compris : comment allais-je vivre sur un bateau avec une majorité de personne sans expérience du tout ou presque de la voile ?

Le premier jour, nous avons eu droit au cours RYA, survivre en mer (sea survival), soit 6 heures de théorie (le bouquin est plutôt bon) et 2 heures en piscine à barboter avec le gilet et monter dans le radeau de survie. L’instructeur théorique était barbant et le temps en piscine trop court et très loin de la réalité en mer. En résumé, bof, bof bof.

Et du jour 2 au jour 6 sur le bateau (3 jours et demi de navigation non stop, 425 nm parcouru entre Gosport et Gosport en passant au sud de Porland et au sud de Brighton, entre 5 et 20 nm des côtes). L’autre bateau L2 training a fait 2 l’aller et retour entre l’Angeterre et la France.

Le temps fut absolument génial. Du soleil, pas trop froid à part la première nuit, un vent du N-NE variant entre 4-5 nds (quelques heures) et 25-30 nds (quelques heures), la plupart du temps entre 10 et 20 nds, idéal pour une navigation d’entraînement.

Découverte d’un plancher mobile, de l’absence de terre (plus de point de référence), de l’humidité, du bruit, du froid, de la promiscuité; de la nécessité de faire confiance à 23 mètres de plastique flottant sur une quantité astronomique d’eau; de la potentielle violence du vent et des vagues (1 m3 d’eau pèse 1 tonne et 1 vague fait plusieurs m3).

Sur un bateau de cette taille et de ce poids, le travail en équipe est la seule manière de le faire avancer vite et en toute sécurité. J’ai été très impressionné de voir une équipe se souder et travailler ensemble en à peine 12 heures.

Le skipper (Paul) a skippé un des 8 60 pieds lors de l’édition 2000, le second (David) est un petit nouveau chez Clipper (4ème semaine d’entraînement). L’expéricience des équipiers varient d’une semaine de navigation (Level 1 training) à plusieurs dizaines d’années de navigation en mer et un passé de régatier (en flotte, en match race, en team race, sur des parcours côtier ou olympique).

La cohésion de l’équipage a été fantastique, une magnifique semaine de navigation sur un bateau resté absolument propre sans même que le skipper intervienne, ce qui est hélas encore trop rare.

Mon principal challenge pour cet entraînement était de m’intégrer dans l’équipe sans empiéter sur le rôle du skipper et de laisser toute la place nécessaire au reste de l’équipage quelque soit son expérience de la voile et de partager mes connaissances le plus possible. Ce n’était pas évident, mais je suis satisfait du résultat, le skipper lors du débriefing m’a assuré que cela s’était fort bien passé et que le reste de l’équipage avait apprécié.

_DH8007480